Je vous
invite à vous poser, à respirer, et à lire ce texte lentement, doucement, en
vous imprégnant de chaque mot, chaque pensée, chaque réflexion, afin de les
laisser s’infuser délicatement en vous, pour les faire vôtres et sentir la
manifestation de Votre Présence…
Vous aurez
parfois besoin de lire et relire ces mots, ces phrases, pour mieux les ‘digérer’,
les intégrer, afin de mieux laisser émerger Votre Présence…
Bonne
lecture…
« Nous
vous proposons de regarder ensemble ce que veut dire d’être immergé dans la
présence et de voir plus clair quand nous sommes à côté.
Dans
la présence, il a une joie profonde,
injustifiable, sans causes. Elle n’est liée à aucune circonstance, elle est
simplement le propre de cette essence. Elle représente un des plus délicieux
indicateurs que nous y sommes.
Il y
a aussi une acuité de reliance avec mon environnement qui provoque une joie,
voire une félicité. Comme le souffle divin imprègne toutes choses, quand nous
sommes plongés dans la présence, l’évidence de la nature divine du monde nous
impacte naturellement et la reliance devient savoureuse.
Nous
avons dans la présence une joie sans causes et une joie apparemment causale, et
elles se répondent et résonnent entre elles.
Un
bénéfice d’être assis dans cet espace est qu’une clarté en émane. Nous voyons
le mental penser, nous voyons le conditionnement à l’œuvre et la conscience dissipe cette confusion.
Nous
pouvons passer des années à faire du développement personnel, mais il y restera
toujours un aspect qui ne va pas, quelque chose à s’occuper. C’est inhérent à
cet endroit. Le mental créé des problèmes pour les résoudre et la personne ne
peut que tourner en rond dans ses conditionnements.
C’est
ainsi.
Quand
nous revenons dans l’espace de l’être, il est libre, vacant, tout en éclairant
ce qui est conditionné. Et cette pure clarté suffit pour que les
conditionnements nous quittent. Comme quand nous allumons la lumière dans une
pièce, elle dissipe instantanément l’obscurité.
Peu à
peu une désidentification s’opère. Nous quittons la souffrance, puisqu’elle est
créée de par l’identification. La conscience ne se sépare pas du mental, mais
elle n’est plus prise au jeu, elle n’est plus prisonnière de la dualité. Elle
la voit à partir de la liberté.
Quand
la personne est plongée dans le méandre de ses constructions, avec la confusion
et les souffrances qu’elles engendrent, sa tentation est d’aller vers un
devenir, de se fixer un but, de devenir plus sage, plus non violent, plus
quelque chose …
Cette
énergie de devenir est une des manières d’entretenir le problème.
Tant
qu’il demeure ce mouvement excentrique d’aller vers, je continue à quitter le
cœur de l’être et je continue à perpétuer mes schémas, mais je les rends de
plus en plus subtils, ils vont devenir des schémas spirituels, de plus en plus difficiles
à extirper.
Le
mouvement salutaire va dans l’autre sens. C’est un mouvement concentrique, de
retour à soi même. Qu’est ce que nous faisons ? Nous ne faisons rien, nous
arrêtons de faire, nous arrêtons de vouloir, nous arrêtons de vouloir devenir …
Nous
revenons à la maison. Nous marquons une pause et nous constatons que la maison
a toujours été là, mais que nous avions perdu le chemin. Elle attendait que
nous la reconnaissions.
Un
moment clé où nous voyons la folie de ce devenir est que nous nous arrêtons.
Arrêter d’agir, arrêter de vouloir, arrêter de poser de bonnes intentions,
arrêter de chercher à transformer.
A un
moment, dans cette cessation, la non-violence surgit.
A
partir de là, la Vie se révèle fraiche et spontanée dans l’instant. Le mental
nous amène dans le passé, le futur, mais l’être n’existe que dans l’instant. Il
est simplement, tel qu’il est.
Dans la présence, il n’y a plus rien à
fabriquer, plus rien à vouloir parce que cela se révèle. Il y a une profonde
acceptation de la vie telle qu’elle est, il n’y a plus quelqu’un qui réagit.
Mon conjoint commet une action, une part en moi réagit, les deux sont vus,
accueillis et acceptés. Dans la vision globale il y a évidence : l’action
est neutre, ma réaction est telle qu’elle est. Il y a l’arrêt de vouloir
changer l’autre, changer le monde.
Je
reviens à la maison et là mon regard change, mon état vibratoire change. Il y a
une présence, une assise, une acceptation, une joie de ce qui est et une
conscience de la justesse de ce qui est.
Qui
suis-je pour dire que le monde doit être autrement ?
Je
projette ma propre violence à vouloir modifier la réalité parce que je n’ai pas
reconnu que je suis déjà complet, que j’ai déjà en moi toutes les saveurs, que
tout ce monde est déjà à l’intérieur. Simplement quand je reconnais qui je suis
vraiment, je peux être dans le monde et mon action devient efficace (pour
employer un gros mot). Il n’y a plus quelqu’un qui veut quelque chose, mais il
y a juste « je suis là » et je rayonne de cette présence et elle
impacte.
Il
n’y a pas besoin de faire quelque chose, cela se fait à partir de cette
présence, à partir de l’évidence.
Ce Je
suis est sans projet, sans programme, il n’a rien de préétabli. Les actions et
les paroles surgissent de par l’œuvre de cette liberté. Du fait de cette
disponibilité une profonde créativité se déploie, des richesses insoupçonnées
surgissent. Je ne suis plus limité par le cadre étroit de l’individu, les
ressources viennent d’une reliance
globale à l’environnement. Ce qui est dit et fait l’est pour
l’environnement, par l’environnement.
Cette
créativité est joyeuse et stimulante. Beaucoup de richesses peuvent en émerger,
mais elle est très difficile à saisir tant que je suis pris dans les méandres
de la confusion de l’individu.
Je me
lève le matin, je vais prendre ma douche, manger mes croissants, écouter la
radio, sans réaliser que toutes ces actions sont déjà des conditionnements. Je
crois être dans une forme de liberté, mais du fait même que je préfère ceci, je
déteste cela, toutes ces étroitesses de mes envies et dégoûts représentent le
champ de mon conditionnement.
J’ai
besoin de quitter cet endroit pour réaliser que c’était une prison. Le problème
avec elle est que quand j’y suis enfermé je n’en vois pas les murs. Tant que je
suis dans la prison, j’ai l’impression que ces murs me composent, me
délimitent.
Quand cette étroitesse de l’individu me quitte, je réalise que les
choses sont infiniment plus souples, plus ouvertes. Il y a d’abord un « je
ne sais pas » . Je ne sais pas ce
que je vais manger, faire, aimer, demain, c’est juste dans l’instant que surgira
ce que je mangerai, ferai ou aimerai.
C’est
en s’habituant à voir le jeu du mental, à voir le jeu de l’égo, à détecter ses
pièges en se posant dans cet espace de pure conscience, que de plus en plus les
jeux apparaissent clairement. Le mental joue à « plus tard », à me
faire croire qu’il y a un obstacle, que ce n’est pas pour moi etc …
Un
tas d’histoires se déroulent sans cesse, mais je peux le voir. La liberté est
simplement cet espace où tout ce fatras peut être observé. L’idée n’est pas de
l’arrêter, mais simplement de l’éclairer.
Le
fonctionnement joue, mais je ne joue plus. Tant que je l’alimente, il continue.
Tant que je m’identifie, il continue. A un moment, je réalise, j’arrête et je
ne l’alimente plus. C’est comme quand j’enlève une prise électrique, la lumière
peut parfois persister un moment, puis elle s’arrête.
Alors
le mental continuera un temps à essayer de trouver de nouvelles histoires, des
histoires spirituelles. Il voudra se poser sur le trône de la présence et dire
« je suis elle » il voudra raconter « tu y es arrivé ». Ces
histoires porteront la marque de la médiocrité de ces histoires habituelles,
simplement elles auront été transposées à un nouveau terrain. Le problème n’est
pas dans la qualité de l’histoire, mais dans le fait de raconter.
Quand
la vie est sans histoires, elle est belle et savoureuse. Tant qu’il y a des
histoires à raconter, elle demeure dans la misère de nos conditionnements, qui
veulent continuer à ressasser pour ne
pas vivre. »
Jean-Philippe FAURE Muriel HEMELSOET « La Voie de
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